Ae. albopictus (F)

Aedes (Stegomyia) albopictus (Skuse, 1894)

CARACTERES DIAGNOSTIQUES
Ornementation générale donnant à l'imago un aspect tigré. La confusion reste possible avec Ae. cretinus, mais l'absence de tache d'écailles claires sur le métaméron les sépare.

BIOLOGIE DE L'ESPÈCE
L'adaptation d'Ae. albopictus aux petits gîtes artificiels crées par l'Homme associée à la résistance des œufs à la dessiccation ont permis sont transport à travers le monde dans des conteneurs de pneumatiques usés. Bien que son installation soit limitée par différents facteurs tels que la photopériode, la température, les précipitations et l'humidité, sa plasticité lui permet de s'adapter à des situations très variées : milieux forestiers, villages ruraux et écosystèmes périurbains, en climat tropical comme dans les régions tempérées où il persiste grâce à une diapause hivernale au stade de l'oeuf. Ae. albopictus conserve sa capacité à coloniser les creux d'arbres après son transfert dans une nouvelle région.

Ce moustique d’origine asiatique manifeste une fâcheuse propension à élargir son aire de répartition, surtout depuis les années 1970. Plus aucun continent n’est indemne de sa présence. En Europe, sa présence est signalée depuis plusieurs années en Albanie (1979) et en Italie (1990), où l’espèce est maintenant bien implantée, plus récemment en France (1999) et en Belgique (2000) ainsi qu'en Espagne.

Si l’isotherme de l0°C pendant les mois d’hiver représente la limite au-delà de laquelle une diapause est nécessaire à la survie de l’espèce, c’est l’isotherme -5°C de janvier qui délimite l’aire de répartition maximale en Asie continentale et probablement également en Amérique du Nord. En extrapolant pour l’Europe, l’espèce pourrait donc s’implanter du bassin méditerranéen en passant par l’Europe centrale et le sud de la Suède, et jusqu’au cercle arctique le long de la cote Ouest de la Norvège. Dans une prospective moins favorable à l’espèce, en considérant l’isotherme de 0°C, la plus grande partie de l’Europe de l’Ouest et tous les pays méditerranéens restent dans l’ère d’extension possible.

En Europe, c’est donc au stade d’œuf que l’espèce séjourne durant la période hivernale. Larves et adultes sont présents d’avril / mai à novembre.

Les oeufs sont déposés au-dessus de la surface de l’eau, de préférence sur un substrat sombre et rugueux. L'exochorion des oeufs est orné d’une réticulation irrégulière pentagonale, hexagonale ou en losange étiré, 1 ou parfois 2 tubercules sont visibles au centre des cellules ainsi formées (Grossissement x 1000). Cette structure est similaire a celle des oeufs d’Ae. aegypti. Une remontée du niveau de l’eau permettra l’éclosion des jeunes larves.

Dans son milieu d’origine, ce moustique se développe dans les petites collections d’eau des cavités arboricoles. Mais il s’est adapté à différents gites larvaires artificiels tels que bouches d’égout, vases et petits récipients divers, et surtout les pneus usés. Dans ces gîtes, la présence de feuilles mortes en décomposition génère un milieu assez proche du gîte d’origine. La durée de la phase de développement aquatique varie de 7 à 20 jours, en fonction de la température et de l’abondance de nourriture. Le développement cesse en dessous de 11°C pour une souche japonaise.

La frange de la palette natatoire de la nymphe porte de longues soies. Ce caractère n’est partagé que par Ae. cretinus.

Les femelles ont une espérance de vie de quelques jours seulement dans la nature, mais peuvent survivre plusieurs semaines. La durée entre l’émergence et le premier repas sanguin peut être estimée a 2 jours, l’intervalle entre deux pontes à 5 jours. La fécondité moyenne en laboratoire se situe entre 42 et 80 oeufs par ponte, entre 300 et 345 oeufs au total pour une femelle. Les oeufs du même cycle sont pondus dans plusieurs gîtes. Un maximum de 5 générations par an a été observé sur le terrain, mais ces générations se chevauchent du fait de l’éclosion différée et de l’hétérogénéité des gîtes larvaires.

Les imagos présentent une alternance de taches blanches et sombres sur le corps et sur les tarses, ce qui lui vaut le surnom de « moustique tigre ».

La dispersion de l’espèce est faible. Les imagos peuvent toutefois se déplacer sur 200 m même si des zones dégagées doivent être traversées. Le maximum observé est de 434 m. Au cours de la journée, les adultes se reposent dans la végétation basse prés du sol.

Les femelles piquent pendant la journée, rarement la nuit, et de préférence a l’extérieur des bâtiments. Elles peuvent piquer l’Homme, les mammifères, les oiseaux, les batraciens ou les reptiles, selon la disponibilité des hôtes. Dans son aire d’origine, Ae. albopictus est vecteur des quatre formes de dengue et de dirofilarioses. Au laboratoire, cette espèce est réceptive a de nombreux virus. Dans la nature, elle a été trouvée infectée par divers virus dont le West Nile (Etats-Unis). En Europe, l'espèce pourrait intervenir dans la transmission de la dirofilariose (Dirofilaria immitis et D. repens), du virus de la peste équine ou du virus Tahyna.

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Aedes albopictus (adulte femelle)

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Aedes albopictus (adulte femelle)

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Aedes albopictus (adulte mâle)

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Répartition de Aedes albopictus

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Répartition de Aedes albopictus


TETE

THORAX

PATTES

AILE

ABDOMEN

GENITALIA