Anopheles (Cellia) carnevalei Brunhes, Le Goff, Geoffroy & Manga, 1999
CARACTERES DIAGNOSTIQUES
An. carnevalei fait partie des espèces proches d'An. nili. Les caractères les plus originaux de son aile sont : la tache blanche basale, les taches d'écailles blanches qui recouvrent la partie médiane de R2 et M2, la nervure CuA longuement recouverte d'écailles claires et, sur la frange alaire, une tache claire située à l'apex de M3+4. An. carnevalei est très proche de - sinon identique à - An. nili "forme C.
BIOLOGIE DE L'ESPÈCE
Anopheles carnevalei a été décrit à partir de six femelles récoltées au piège lumineux et de deux femelles capturées sur homme, toutes en provenance de Côte-d'Ivoire. Par la suite, cette espèce a été trouvée au Cameroun et en Guinée-Equatoriale.
An. carnevalei est une espèce de forêt morphologiquement proche d'An. nili s. s. mais distincte par l'abondance et la distribution des taches blanches sur les ailes. Elle pourrait en fait correspondre à la "forme Congo" (ou "forme claire") de l'espèce An. nili . L'absence de matériel disponible en provenance du bassin du fleuve Congo ne nous permet cependant pas de conclure à l'identité des deux taxons.
Il est vraisemblable que les adultes en provenance de la Sierra Leone, du Ghana et du Nigeria, susceptibles d'appartenir à la "forme Congo" se rattachent à An. carnevalei dont l'aire de répartition recouvrirait, dans un tel cas, l'ensemble des forêts profondes des pays de la côte atlantique, depuis l'Angola jusqu'à la Sierra Leone.
La biologie et le rôle vecteur d'An. carnevalei ne sont pas connus. On sait seulement qu'il a été capturé sur l'homme à deux reprises. Rappelons cependant qu'An. nili "forme Congo", susceptible d'être mis en synonymie avec cette même espèce, est très anthropophile et endophile. Cette forme, même si elle n'est pas considérée comme l'un des vecteurs majeurs du paludisme joue, cependant, un rôle important dans la transmission de cette endémie, notamment dans le bassin du Zaïre.
Bien qu'une identification rigoureuse soit indispensable pour assurer un contrôle vectoriel efficace, le statut taxonomique des espèces du groupe nili reste incertain. Du fait de cette méconnaissance, la distribution, le comportement, l'adaptation et le rôle dans la transmission du paludisme qui peut être attribuée à chaque membre de ce groupe sont aussi en grande partie inconnus. La distinction entre les membres du groupe nili est difficile parce que les différences morphologiques sont subtiles. L'analyse de séquences d'ADN ribosomal (internal trancribed spacer de l'ITS2) et de la région du 28 D3 a permis l'identification de quatre espèces dans le groupe nili (An. nili, An. somalicus, An. carnevalei, et An. ovengensis ) (Kengne 2003).
Anopheles nili est présent principalement dans la forêt dégradée et la savane, du Sénégal au Kenya, tandis que An. ovengensis, An. somalicus et An. carnevalei sont présents dans la forêt profonde d'Afrique centrale (Antonio-Nkondjio, 2009). Une étude approfondie au Cameroun a confirmé qu'An. nili est le vecteur majeur du paludisme du groupe et a souligné le comportement exophagique de An. ovengensis et de An. carnevalei (Antonio-Nkondjio, 2006).
BIBLIOGRAPHIE
BRUNHES (J.), LE GOFF (G.) & GEOFFROY (B.), 1998.- Anophèles afro-tropicaux. III - Description de trois espèces nouvelles et réhabilitation d'An. rageaui Mattingly et Adam. Journal of the American Mosquito Control Association, (soumis).